Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/91

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vingt quatre Lettres de l’Alphabet, couvent dans la Grammaire, la malignité oculte d’un venin ſi preſent, ny que d’ouvrir la bouche, ſerrer les dents, appuyer la langue au pallets, de telle ou telle façon, ait la force d’empeſter les Moutons, ou de les guerir ; Car ſi vous me répondez que c’eſt à cauſe du pact : Je n’ay point encor leu dans la Chronologie le temps auquel le Diable accorda avec le Genre humain, que quand on articuleroit de certains mots qui doivent avoir eſté ſpecifiez au Contract, il tuëroit, qu’à d’autres il gueriroit, &c qu’à d’autres il viendroit nous parler ; & je veux qu’il en euſt paſſé le Concordat avec un particulier, ce particulier là n’auroit pas le conſentement de tous les hommes pour nous obliger à cet accord. À quelques ſillabes toutefois, qu’un Lourdaut ſans y penſer aura proferées, il avolera incontinent pour l’effrayer, & ne rendra pas la moindre viſite à une perſonne puiſſante, dépravée, illuſtre, ſpirituelle, qui ſe donne à luy de tout ſon cœur, & qui par ſon exemple ſeroit cauſe de la perte de cent milles ames. Vous m’avoüerez peut-eſtre que les paroles magiques n’ont aucun pouvoir, mais qu’elles couvrent ſous des mots barbares, la maligne vertu des ſim-