Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ples, dont tous les enchanteurs empoiſonnent le beſtail. Hé bien pourquoy donc ne les faites-vous mourir en qualité d’empoiſonneurs & non pas de Sorciers ? Ils confeſſent (repliquez-vous) d’avoir eſté au Sabat, d’avoir envoyé des Diables dans les corps de quelques perſonnes, qui ſe ſont trouvées démoniaques. Pour les voyages du Sabat, voicy ma creance ; c’eſt qu’avec des huiles aſſoupiſſantes, dont ils ſe graiſſent, comme alors qu’ils veillent, ils ſe figurent eſtre bien toſt emportez à califourchon ſur un balet par la cheminée, dans une ſale où l’on doit feſtiner, danſer, faire l’amour, baiſer le cul au Bouc ; l’imagination fortement frappée de ces Fantômes, leur repreſente dans le ſommeil ces meſmes choſes, comme un balet entre les jambes, une campagne qu’ils paſſent en volant, un Bouc, un feſtin, des Dames ; c’eſt pourquoy quand ils ſe réveillent, ils croyent avoir veu ce qu’ils ont ſongé. Quant à ce qui concerne la poſſeſſion, je vous en diray auſſi ma penſée, avec la meſme franchiſe. Je trouve en premier lieu, qu’il ſe rencontre dix mille femmes pour un homme. Le Diable ſeroit-il un ribaud, de chercher avec tant d’ardeur l’accouplement des femmes ? Non, non,