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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/93

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mais j’en devine la cauſe ; une femme a l’eſprit plus leger qu’un homme, & plus hardy par conſequent à reſoudre des Comedies de cette nature : Elle eſpere que pour peu de latin qu’elle écorchera, pour peu qu’elle fera de grimaſſes, de ſauts, de caprioles, & de poſtures, on les croira toûjours beaucoup au deſſus de la pudeur, & de la force d’une fille ; Et enfin elle penſe eſtre ſi forte de ſa foibleſſe, que l’impoſture eſtant découverte, on atribuëra ſes extravagances, à quelques ſuffocations de matrice, ou qu’au pis aller on pardonnera à l’infirmité de ſon ſexe. Vous répondrez peut-eſtre que pour y en avoir de fourbes, cela ne conclud rien contre celles qui ſont veritablement poſſedées. Mais ſi c’eſt là voſtre nœud gordien, j’en ſeray bien-toſt l’Alexandre. Examinons donc, ſans qu’il nous importe de choquer les opinions du vulgaire, s’il y a autrefois eu des Demoniaques, & s’il y en a aujourd’huy. Qu’il y en ait eu autrefois, je n’en doute point, puis que les Livres ſacrez aſſeurent qu’une Caldéenne par Art magique, envoya un Demon dans le Cadavre du Prophète Samuel, & le fit parler : Que David conjuroit avec ſa Harpe, celuy dont Saül eſtoit obſedé ; Et que noſtre Sauveur Jeſus-Chriſt