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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/97

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trop ? De marquer ſur la peau certains caracteres ; ou des eaux, ou des pierres, colorent ainſi ſans prodige noſtre chair. Si les Diables ſont forcez comme vous dites, de faire des miracles afin de nous illuminer, qu’ils en faſſent de convaincants, qu’ils prennent les Tours de Noſtre-Dame de Paris, où il y a tant d’incredules, & les portent ſans fraction dans la Campagne S. Denys danſer une Sarabande Eſpagnolle, Alors nous ſerons convaincus. J’ay pris garde encore que le Diable qu’on dit eſtre ſi médiſant, n’induit jamais ces perſonnes Demoniaques, (au milieu de leurs grandes fougues) à médire l’une de l’autre : au contraire, elles s’entreportent un tres-grand reſpect, & n’ont garde d’agir autrement, parce que la premiere offenſée découvriroit le myſtere. Pourquoy, mon Reverend Pere, n’inſtruit-on voſtre procez, en conſequence des crimes dont le Diable vous accuſe ? Le Diable (dites-vous) eſt pere de menſonge ; Pourquoy donc l’autre jour fiſtes-vous brûler ce Magicien, qui ne fut accuſé que par le Diable ? Car je répons comme vous, le Diable eſt pere de menſonge. Avoüez, avoüez, mon Reverendiſſime, que le Diable dit vray, ou faux, ſelon qu’il eſt utile à voſtre malicieuſe pa-