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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/98

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ternité. Mais, bons Dieux ! je vois treſſaillir ce Diable quand on luy jette de l’Eau beniſte ; Eſt-ce donc une choſe ſi ſainte qu’il ne la puiſſe ſouffrir ſans horreur ? Certes cela fait que je m’étonne qu’il ait oſé s’enfermer dans un Corps humain, que Dieu a fait a ſon Image, capable de la viſion du Tres-Haut, reconnu ſon Enfant par la Regeneration baptiſmale, marqué des Saintes Huiles, le Temple du S. Eſprit, & le Tabernacle de la Sainte Hoſtie. Comment a-t’il eu l’impudence d’entrer en un lieu qui luy doit eſtre bien plus venereable que de l’eau, ſur laquelle on a ſimplement recité quelques prieres. Mais nous en aurons bonne iſſuë, je vois le Demoniaque qui ſe tempête fort à la veuë d’une Croix qu’on luy preſente : ô Monſieur l’Exorciſte, que vous eſtes bon, ne ſçavez-vous pas qu’il n’y a aucun endroit dans la Nature, où il n’y ait des Croix, puis que par toute la matiere, il y a longueur & largeur, & que la Croix n’en autre choſe qu’une longueur conſiderée avec une largeur. Qu’ainſi ne ſoit, cette Croix que vous tenez, n’eſt pas une Croix, à cauſe qu’elle eſt d’ébenne, cette autre n’eſt pas une Croix, à cauſe qu’elle eſt d’argent ; mais l’une & l’autre ſont des Croix, à cauſe