Page:Cyrano de Bergerac - L autre monde ou Les états et empires de la lune et du soleil, nouv éd, 1932.djvu/350

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Fait des cris comme une enragée,
Et les pages n’ont plus de main
Pour en escroquer la dragée.

Le crédit, par vous occupé,
Fait partout de sanglantes courses ;
Tout notre bonheur est fripé ;
Notre cher espoir est dupé ;
Nos malheurs n’ont plus de ressources,
Et notre heureux sort usurpé
A fait des ballons de nos bourses.

Vous étiez plus ferme qu’un roc,
Quand vous heurtiez quelque personne ;
Vous avez inventé le hoc (293)
Qui met la conscience au croc
Dès l’instant même qu’on s’y donne,
Et le frère coiffé du froc
Vouloit l’être d’une couronne.

Vos nièces, trois singes ragots (294)
Qu’on vit naître de la besace,
Plus méchantes que les vieux Goths,
Et plus baveuses qu’escargots,
Prétendoient ici quelque place,
Et vous éleviez ces magots,
Pour nous en laisser de la race.

Elles avoient fait leurs adieux
À leurs parents de gueuserie,
Pour s’accoupler à qui mieux mieux
Aux Candales, aux Richelieux,
Aux grands maîtres d’artillerie,
Ravis de voir en d’autres lieux
Les singes et la singerie.

Vous n’avez point encor jeûné,
Ni vendredi saint, ni vigile ;
L’innocent, par vous condamné,
A bien plus souffert qu’un damné,