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Que dis-je, un damné ? plus que mille :
Ou, pour n’être pas malmené,
Il a fallu qu’il ait fait gille (295).

Vous avez créé des impôts
Sur les plus simples marchandises ;
Vous avez fait mal à propos
Enchérir la liqueur des pots,
Pour qui je vendrois mes chemises,
Et prenez de notre repos
Les usures et les remises.

Vous voyez nos maux sans blêmir :
Ils frappent en vain votre oreille ;
Votre crédit veut s’affermir
Sur des taxes qui font frémir ;
Et si votre fureur sommeille,
Pour nous empêcher de dormir,
Le Moine-bourru la réveille (296).

Par vous le Conseil infecté (297)
N’a plus rien de bon que la mine ;
Il se porte à l’extrémité,
Pour nous ôter la liberté
D’avoir ici quelque farine,
Et vous nous avez tout ôté,
Hors la crainte de la famine (298).

Quoi qu’aient pu faire vos suppôts
Pour nous envoyer la tempête.
Parmi nos cris et nos sanglots
Nous mêlons pourtant quelques rôts :
Nous prenons du poil de la bête (299)
Qui fait enrager Atropos
Depuis les pieds jusqu’à la tête.

En effet, quoique dès longtemps
Vous voliez tout à tire-d’ailes,
Malgré vous et malgré vos dents,
Nos convois nous rendent contents (300),