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l’augmenter, Élisabeth rétrocéderait le surplus des 150 livres aux héritiers du testateur. De plus, Abel I de Cyrano lui lègue tous les meubles de la chambre où il est couché et d’autres objets, et fait ensuite de graves déclarations au sujet des vols commis dans sa maison depuis quatre mois. Il termine par un legs à ses exécuteurs testamentaires : son beau-frère Scopart et Desbois, le gendre de Scopart.

Voici les « graves déclarations » en question :


(Le testateur) déclare en outre, pour aider à la vérité, que dès auparavant sa maladie de laquelle il est détenu au lit, qui sont de quatre mois et plus, et pendant icelle, lui a été pris et soustrait en sa maison ce qui ensuit :

Premièrement, un grand tapis de table de tapisserie au gros point, un autre moyen tapis de Turquie, un autre de buffet à bandes de drap de tapisserie rehaussé de soie servant à couvrir tout le buffet, la couverture d’une forme de tapisserie, une couverture de lit, une écuelle d’argent à oreille et une cuiller aussi d’argent, un oreiller de duvet, plusieurs volumes in-folio de droit canon, ordonnances et coutumes de France, les vies de Plutarque, avec quantité de linge, tableaux de portraits, vaisselle d’étain et autres choses dont il n’a pas la mémoire présentement ; pour quoi faire on a forcé les serrures des armoires et coffres où étaient les dites hardes et choses, et attendu qu’il sait par quelles personnes les dites choses ont été soustraites, les noms desquelles il ne veut être exprimés pour certaines considérations, il en décharge entièrement la dite Descourtieux et tous autres.


Les doléances d’Abel I de Cyrano portaient donc sur des larcins dont il avait été la victime. Tout en taisant le nom des voleurs, il prend le soin d’écarter par avance les soupçons qui auraient pu s’égarer sur ses serviteurs, limitant de la sorte le champ des recherches à ses deux fils : Savinien et Abel II. Sentant la mort venir le malheureux vieillard a peur, vivant encore, d’être dépouillé brutalement du peu qui lui reste, aussi supplie-t-il le