Page:Cyrano de Bergerac - L autre monde ou Les états et empires de la lune et du soleil, nouv éd, 1932.djvu/367

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les gouvernoit paisiblement, et crièrent tant après un autre, qu’ils obtinrent un Aigle qui les dévora tous. Défunt Monsieur le Cardinal (309) étoit un grand homme aussi bien que son Successeur ; mais n’ayant pas assez de hardiesse pour décider de leurs mérites, je me contenterai de faire souvenir tout le Monde, que Monsieur le Cardinal de Richelieu eut l’honneur d’être choisi pour être son Ministre par le Roi Louis XIII, le plus juste Monarque de l’Europe, et Monsieur le Cardinal Mazarin, par le Cardinal de Richelieu même, le plus grand Génie de son siècle.

Au reste on a tort d’alléguer que nous sommes dans un gouvernement où les Armes, les Lettres et la Piété sont méprisées : Je soutiens, au contraire, qu’elles n’ont jamais été si bien reconnues. Les Armes, témoin Messieurs de Gassion et de Rantzau (310), qui par son crédit et son conseil, ont été faits Maréchaux de France, sans parler de Monsieur le Prince (311), qui des bienfaits de la Reine, possède plus lui seul que quelques Rois de l’Europe. La piété, témoin le Père Vincent (312), qu’elle a commis pour juger des mœurs, de la conscience et de la capacité de ceux qui prétendent aux Bénéfices. Les Lettres, témoin le judicieux choix qu’il a fait d’un des premiers Philosophes de notre temps (313), pour l’éducation de Monsieur le Frère du Roi. Témoin le docte Naudé (314), qu’il honore de son estime, de sa table et de ses présents ; et bref, témoin cette grande et magnifique Bibliothèque, bâtie pour le public, à laquelle par son argent et ses soins, tous les Savants de l’Europe contribuent. Qu’ajouter, Messieurs, après cela ? Rien, sinon que la gloire de ce Royaume ne sauroit monter plus haut, puisqu’elle est en son Éminence. Ne trouvez-vous pas à propos que le peuple cesse enfin de lasser la patience de son Prince, par les outrages qu’il fait à son