Cyrano reprend goût à la littérature sérieuse, celle qui doit assurer sa renommée. Il est présenté à Michel de Marolles l’infatigable traducteur, à Adrien de La Morlière, à Gilles Filleau des Billettes, à Henri-Louis Loménie de Brienne, etc., et conquiert leur amitié. Toujours hanté du désir d’écrire une tragédie, il presse Royer de Prade qui en avait deux en portefeuille depuis 1643 : La Victime d’État et Annibal, de les publier. Cyrano marque non moins de confiance et de cordialité à son ami en lui communiquant le manuscrit de la première partie de l’Autre Monde : Le Voyage dans la Lune. La lecture qu’en fait Royer lui produit une mauvaise impression, il croit de son devoir d’en avertir Cyrano :
ou de l’Autre Monde
Que ma main t’écrit de travers
Tant en moi la frayeur abonde,
Et permets qu’aujourd’hui j’évite ton abord
Car autant qu’une affreuse mort
Je crains les Gens de l’Autre Monde.
Redoutant d’avoir été trop loin, Royer atténue son accès de franchise :
Un esprit qu’en son vol nul obstacle n’arrête,
Découvre un Autre Monde à nos ambitieux
Qui tous également respirent sa conquête,
Comme un noble chemin pour arriver aux Cieux.
Mais ce n’est point pour eux que la Palme s’apprête,
Si j’étois du Conseil des Destins et des Dieux,
Pour prix de ton audace on chargerait ta tête
Des couronnes des Bois qui captivent ces lieux.