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XIXe ET XXe SIÈCLES


Celui qui devait sortir Cyrano de l’oubli n’était autre qu’un bibliophile parisien, charmant esprit doublé d’un admirable prosateur, le bon et spirituel Charles Nodier. Un étourdissant article, paru dans le Bulletin dit Bibliophile de 1838, déchire tous les voiles et proclame Cyrano presque un grand écrivain.

L’éloquente plaidoirie de Nodier, comme toutes les plaidoiries, est souvent en marge de la vérité ; le perspicace Franc-Comtois s’est trompé en affirmant que son héros « n’a jamais offensé dans ses écrits ni la religion ni les mœurs ».

Après Nodier, il semble qu’aucune voix plus éloquente et plus autorisée n’était capable de célébrer Cyrano, et cependant la notice de Théophile Gautier dans ses Grotesques (1844) éclate comme un coup de tonnerre et égale, si elle ne la dépasse, celle de son prédécesseur. L’homme lui appartient autant que l’œuvre ; son nez et son Voyage dans la Lune se valent toutes proportions gardées : L’un est le chef-d’œuvre de la nature, l’autre le chef-d’œuvre de son esprit.

Les suites logiques de l’apologie de Cyrano, tentée par Ch. Nodier et Théophile Gautier, tardent onze années. En 1855, Le Blanc publie à Paris et à Toulouse une édition partielle des Œuvres de Cyrano ; elle est suivie en 1855 de celle — complète — de Paul Lacroix, dans la Bibliothèque gauloise, enrichie d’une notice dithyrambique en faveur du « gascon » libre penseur. Malgré cette excellente réclame, il faut attendre 1875 Pour relire Cyrano, et c’est à une femme, Mme Quivogne de Montifaud, dite Marc de Montifaud, qu’on doit les Voyages fantastiques de Cyrano de Bergerac ; la préface s’inspire de P. Lacroix en accentuant encore la note libertine.