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« Ce jeudi, 22 janvier.

« Mon premier mouvement a été de passer hier chez vous. Je n’ai pas osé insister à la porte. J’ai respecté le besoin de solitude qu’avait votre douleur. Je sais comme elle a été vive, je sens comme elle est naturelle. Vous êtes bien sûre que je la partage, que je m’y associe du fond de l’âme ; mais ne rejetez pas une consolation digne de vous, une de ces consolations qui restent encore après les premiers moments : c’est le touchant exemple de piété que nous a donné celle que vous pleurez, et qui permet tant d’espérance sur son bonheur.

« Croyez bien dans cette triste occasion à mon vrai et profond sentiment. J’irai encore ce soir essayer de vous l’exprimer, si vous voulez me recevoir, et si je ne suis pas assez enroué pour ne pas pouvoir parler.

« Il serait bien bon de me faire donner un mot de vos nouvelles.

« Mathieu. »

Elle recevait aussi de Mme de Staël ce mot plein d’émotion.