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douloureuse et longue maladie ; elle s’occupait encore des soins et des recherches de sa toilette sur la chaise longue où ses souffrances la condamnaient à rester étendue. Mme Bernard avait l’esprit vif, et elle entendait bien les affaires : un sens droit, un jugement prompt lui faisaient discerner nettement les chances de succès d’une entreprise ; aussi gouvernat-elle très-heureusement et accrut-elle sa fortune. Elle voulut par ses dispositions testamentaires assurer l’indépendance de la situation de sa fille unique ; mais quoique mariée, séparée de biens et sous le régime dotal, Mme Récamier s’associa avec une généreuse et inutile imprudence aux revers de son mari, et compromit sa propre fortune sans le sauver de sa ruine.

J’ignore la circonstance qui mit Mme Bernard en relation avec M. de Calonne ; mais ce fut sous son ministère, en 1784, que M. Bernard, notaire à Lyon, fut nommé receveur des finances à Paris, où il vint s’établir, laissant sa fille Juliette à Villefranche, aux soins d’une sœur de sa femme. Mme Blachette, mariée dans cette petite ville.

Le souvenir de Mme Récamier se reportait quelquefois, et toujours avec un grand charme, sur les premières années de son enfance. C’est à cette époque que prit naissance dans son cœur une affection, qu’aucune circonstance ne put altérer, pour la jeune cousine avec laquelle on l’élevait. Mlle Blachette, qui devint plus tard la baronne de Dalmassy,