Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/42

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et qui fut une très-jolie et spirituelle personne, n’était alors qu’une enfant comme Juliette. Mme Récamier racontait quelquefois ses promenades autour de Villefranche avec sa cousine et les autres enfants de la ville, filles et garçons, les privilèges dont elle jouissait dans la maison de son oncle où régnait une stricte économie, et la passion très-vive qu’avait pris pour elle, petite fille de six ans, un garçon à peu près du même âge, Renaud Humblot. Les riantes et gracieuses impressions de l’enfance embellissaient pour elle et avaient gravé dans sa mémoire, d’une manière tout à fait aimable, ce premier de ses innombrables adorateurs.

Après quelques mois de séjour à Villefranche, Juliette fut mise en pension au couvent de la Déserte, à Lyon. Elle y trouvait une autre sœur de sa mère qui s’était faite religieuse dans cette communauté. Le temps qu’elle passa à la Déserte laissa dans le cœur de Juliette une trace ineffaçable ; elle aimait à en évoquer le souvenir. M. de Chateaubriand, dans ses Mémoires d’Outre-Tombe, après avoir décrit la belle situation de l’abbaye, cite quelques lignes écrites par Mme Récamier sur cette époque chère à sa pensée. J’ai moi-même retrouvé dans ses papiers, parmi quelques débris des souvenirs qu’elle avait écrits, et qui par son ordre ont été brûlés à sa mort, ce même fragment sur le couvent de la Déserte, et je l’insère ici tel que je l’ai recueilli, M. de