Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/60

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ment au général, elle se leva pour le regarder.

À ce mouvement qui mettait en évidence toute sa personne, les yeux de la foule se tournèrent vers elle, et un long murmure d’admiration la salua. Cette rumeur n’échappa point à Bonaparte ; il tourna brusquement la tête vers le point où se portait l’attention publique, pour savoir quel objet pouvait distraire de sa présence cette foule dont il était le héros : il aperçut une jeune femme vêtue de blanc et lui lança un regard dont elle ne put soutenir la dureté : elle se rassit au plus vite.

J’ai déjà dit que Mme Récamier n’avait point fait partie de la société du Directoire : cependant au printemps de 1799, elle fut invitée à une soirée donnée par Barras dans les salons du Luxembourg. M. Récamier trouvait utile à ses relations d’affaires que sa jeune femme acceptât cette fois l’invitation qui lui était adressée, et elle se prêta d’autant plus volontiers à ce désir, qu’elle avait à solliciter de Barras l’élargissement d’un prisonnier.

Lorsque M. et Mme Récamier arrivèrent au Luxembourg, la musique, car c’était un concert, était commencée, et on exécutait l’ouverture du Jeune Henri. L’apparition d’une personne déjà célèbre par ses agréments dans une société qui n’était pas la sienne, fit une assez vive sensation. Barras s’était avancé pour offrir son bras à Mme Récamier, et l’avait placée au fond du salon à quelques pas d’une femme,