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la délicatesse égalent la vivacité et la profondeur. Les premiers billets de M. de Montmorency à Mme Récamier ont pour objet, ou de solliciter les dons de sa charité vraiment inépuisable, ou de la remercier des aumônes qu’elle a données. Entre beaucoup d’autres, je copie celui-ci :


1802.

« Vous êtes trop bonne et trop généreuse, si on peut l’être trop. Vous acquittez avec une ponctualité bien aimable les dettes mêmes des jours d’opéra et de grande parure. Vous me pardonnerez un sermon de plus contre la parure, quand elle prive de l’avantage de vous voir.

« Je ne donnerai pas tous les trésors que vous m’envoyez aux mêmes personnes dont je vous parlais hier ; mais je réserve cette petite caisse pour les charités les plus intéressantes. Heureux d’être l’intermédiaire de vos bonnes actions, d’y être associé avec vous, et pensant de toute mon âme qu’on ne peut jamais causer quelques instants avec vous sans trouver une nouvelle raison de vous aimer et de vous estimer davantage. Jugez ce que ce sera quand toutes nos belles espérances seront réalisées ! Je vous remercie encore, Madame, pour moi et pour les pauvres. Agréez mes tendres et respectueux hommages. »

Puis, la relation devenant plus intime, Mathieu