Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autre lettre.

« Soyez sûre qu’il est impossible de mesurer d’avance les infinies miséricordes de celui à qui vous voulez vous adresser sincèrement, et les changements merveilleux et tout à fait imprévus qu’il opère dans une âme régénérée par une piété vraie. Je compte les jours qui vous séparent encore de cette régénération tant désirée par vos plus vrais amis. Je compte aussi tout bonnement les jours qui se passeront sans vous voir, et j’accepte le rendez-vous de mardi.

« Permettez-moi de vous rappeler jusque-là les livres que j’ai eu le bonheur de vous prêter. Ne négligez pas d’en lire quelques pages chaque matin. Il me semble que je vous parlai aussi des Réflexions sur la miséricorde de Dieu, par Mme de La Vallière, qui auraient pour vous le double intérêt des sentiments et de l’auteur. Votre cœur touché s’adresse souvent à Dieu, vous me l’avez dit : conservez et multipliez cette excellente habitude. J’espère que nos pensées se rencontrent déjà et se rencontreront souvent dans ce chemin. Mon dernier vœu, que vous me pardonnerez, c’est que vous ayez toujours un peu d’ennui de vos soirées, et de bien des personnes qu’on appelle aimables. N’est-ce pas là un souhait