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Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/98

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vous consulter avec Mme de Clermont qui vous amènerait un jour dans son petit castel champêtre, et de là il vous serait très-aisé de venir avec elle. Vous êtes faites toutes deux pour vous apprécier et pour vous aimer l’une et l’autre. Si j’étais encore susceptible des vanités de ce monde, je serais tout glorieux de recevoir une semblable marque de bonté de celle que tant d’hommages environnent. Mais sans doute vous ne trouverez pas mauvais que mon cœur ne soit sensible qu’aux bontés du vôtre. Quoique vos avantages soient rares, vous en avez un qui l’est plus, c’est de les apprécier et de savoir dans votre jeunesse, ce que je n’ai jamais su que bien tard, qu’il ne faut se fier à rien de ce qui passe.

« Je fais dans ce moment‑ci beaucoup de vers ; en les faisant, je songe souvent que je pourrai les lire un jour à cette belle et charmante Juliette, dont l’esprit est aussi fin que le regard, et le goût aussi pur que son âme. Je vous enverrais bien aussi le morceau d’Adonis que vous aimez, mais je voudrais la promesse qu’il ne sortira pas de vos mains, quoique vous puissiez le lire aux personnes que vous jugerez dignes de vous entendre lire des vers.

« Adieu, Madame, agréez l’hommage le plus sincère et le plus respectueux de l’attachement que je vous dois à tant de titres, et que je vous ai voué pour la vie. »