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Mlle de Longuerue coïncidait avec la mesure qui frappa M. de La Harpe, ainsi que les plus honorables gens de lettres, le 18 fructidor (4 septembre) de la même année. Il trouva un asile à Corbeil où Juliette l’alla voir une fois.

J’insère ici les quelques lettres de M. de La Harpe à Mme Récamier que j’ai trouvées dans ses papiers.


m. de la harpe à madame récamier.
« De ma retraite de Corbeil, le samedi 28 septembre 1797.

« Quoi ! Madame, vous portez la bonté jusqu’à vouloir honorer d’une visite un pauvre proscrit comme moi ! c’est pour cette fois que je pourrai dire comme les anciens patriarches, à qui je ressemble si peu, « qu’un ange est venu dans ma demeure. » Je sais bien que vous aimez à faire des œuvres de miséricorde, mais, par le temps qui court, tout bien est difficile, et celui-là comme les autres. Je dois vous prévenir, à mon grand regret, que venir seule est d’abord impossible pour bien des raisons : entre autres, qu’avec votre jeunesse et votre figure dont l’éclat vous suit partout, vous ne sauriez voyager sans une femme de chambre à qui la prudence défend de confier le secret de ma retraite, qui n’est pas à moi seul. Vous n’auriez donc qu’un moyen d’exécuter votre généreuse résolution, ce serait de