Page:D'Arconville - Mélanges de littérature, de morale et de physique.djvu/398

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le cœur si tendre et la tête si vive, qu’elles ne sauroient se calmer ; il est vrai qu’elles ne se refusent rien de ce qui peut satisfaire leur luxe et leur vanité. Elles font les dépenses les plus excessives pour se donner des ornements superflus et futiles, seuls objets de leurs désirs ; elles ne craignent ni de ruiner ce mari auquel elles font si attachées, ni de diminuer la fortune de ces enfants si chéris ; mais elles fondent en larmes dès qu’ils ont mal à la tête ; et cela suffit pour persuader au public qu’elles sont les femmes et les mères les plus tendres : c’est toujours un genre de réputation ; il tient sa place dans le monde, il y est même mieux famé que tout autre. Cette espèce de réputation a d’ailleurs un avantage qui n’appartient qu’à elle ; c’est qu’on jouit du plaisir de faire parler de soi et d’être même citée pour exemple, sans exciter la jalousie, et sans qu’il en coûte d’autre peine que celle de jouer un sentiment qu’on n’a pas : personnage auquel les