Page:D'Arconville - Mélanges de littérature, de morale et de physique.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Une femme se souvient toujours qu’elle a été jolie, quelque âge quelle ait : et comment l’oublierait-elle ? on le lui rappelle sans cesse. On s’apperçoit aisément à la maniéré dont on l'aborde et à celle dont elle reçoit, que si le temps lui a enlevé les grâces de la jeunesse et la délicatesse des traits, il ne lui en a pas fait perdre tous les avantages. Il semble que la beauté chez les femmes soit un caractère indélébile ; on leur fait gré de leurs agréments passés, quoiqu’on n’en jouisse plus ; ceux mêmes qui n’en ont jamais joui, participent aussi au prestige, et voient une jolie femme surannée d’un autre œil que celle qui ne l’a jamais été. On ne juge presque jamais des jolies femmes avec équité. Les petits-Maîtres qui les aiment et à qui elles cherchent à plaire , trouvent de l’esprit dans tout ce qu’elles disent et des grâces dans tout ce quelles font : ceux au contraire qui sont revenus des folies de la jeunesse, et qui n’ont plus de prétention à la galanterie,