Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/10

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spécialement l’Alsace, Strasbourg, de nous rendre compte de l’état actuel du pays, et de voir ce que sont devenus nos vainqueurs depuis leurs conquêtes.

Refoulons donc les sentiments de pénible révolte et de chagrin qui se ravivent en nous. Notre rôle maintenant est d’ouvrir les yeux et surtout les oreilles. Nous sommes entourés d’uniformes et de casques à pointe. Tous ces gaillards vigoureux et bien portants, dont la taille est au-dessus de la moyenne, sont rigides et sanglés dans leur tunique qui semble moulée sur leur corps. Il y a longtemps que nous avons remarqué que l’Allemand est né soldat, qu’il est fait pour porter l’uniforme.

Les employés du chemin de fer n’ont pas l’air de fonctionnaires civils, mais bien de militaires n’attendant qu’un signal pour se réunir et s’enrégimenter sous les ordres d’un chef. Les employés supérieurs, d’une dignité, d’une correction et d’une propreté irréprochables, portent la casquette rouge à turban noir, et la tunique de l’officier. On serait en droit de les croire tels, si le collet et la casquette n’étaient agrémentés d’une roue ailée, emblème de la vitesse, dont ils sont les humbles serviteurs.

Les lampistes, les graisseurs eux-mêmes, ont le respect de leur uniforme et semblent exercer un sacerdoce.

La visite des bagages s’est faite sans mesures vexatoires ;