Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/12

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nous continuons à traverser la campagne que la nuit couvre, petit à petit, de ses ombres. Le train fait enfin résonner les plaques métalliques tournantes qui précèdent la gare. Nous arrivons à Strasbourg.


Il y a vingt ans que nous ne sommes venu à Strasbourg. Certes, les modifications et les nombreux embellissements, dont la ville a été l’objet, sont intéressants à constater ; mais ce dont nous tenons spécialement à nous rendre compte, c’est à quel point les Allemands ont germanisé la population, à quel point cette population accepte, sans regret, la nouvelle nationalité que lui a créée le sort des armes ? Enfin nous voudrions découvrir si, sous les obéissances passives, sous le respect que commande le vainqueur, bouillonnent un sentiment de révolte et un sincère désir de redevenir Français !

Les Allemands sont beaucoup plus pratiques que nous, cela ne fait pas l’ombre d’un doute : ils l’ont montré à nos dépens. Nous autres, nous battant pour le plaisir de vaincre, comme disent en nous raillant les Anglais, nous ne savons pas exploiter nos victoires, qui ne compensent jamais par leurs avantages les pertes de nos défaites.

Ce côté pratique de leur nation, les Allemands en ont donné une nouvelle preuve par leur manière d’agir à l’égard de l’Alsace.