Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/16

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« Jusqu’ici, en effet, du moins à Strasbourg, la police n’a pas encore eu à dresser de procès-verbal d’infraction à cet arrêté. »

C’est appliquer une mesure politique jusque dans ses détails les plus mesquins.

Après la langue, tous les souvenirs qui pouvaient rappeler à l’Alsace ses attaches françaises, ont été supprimés. Nombre de rues ont été débaptisées. Les quartiers neufs achèvent de germaniser la ville. Et, comme il ne convenait pas de laisser subsister les témoignages qui pouvaient rappeler aux Strasbourgeois par quelles épreuves ils avaient dû passer pour devenir Allemands, toute trace de dommages constatant leur héroïque résistance a été soigneusement effacée.

Tel propriétaire, par exemple, qui, après avoir réparé sa maison, avait conservé à l’extérieur un obus que le hasard avait étrangement enchâssé entre les moellons, reçut l’injonction formelle de le faire disparaître. A plus forte raison, toute allusion, toute enseigne relative à ces mêmes événements fut interdite comme une protestation rebelle.

Si les témoignages matériels de cette funeste époque sont sévèrement prohibés, il en est de même des autres.

Il n’est pas permis d’aller prier, de s’agenouiller sur la terre qui recouvre les victimes du siège. La porte du jardin botanique, où a été élevé par les Strasbourgeois un monument commémoratif, est soigneusement fermée.