qui la prévoyait depuis le commencement des débats.
Il l’apprit avec son sang-froid habituel, avec son calme imperturbable. Les seuls mots qu’il prononça furent : « C’est ma première punition. »
Il avait vingt-quatre heures pour se pourvoir :
« Je ne me pourvoirai pas, dit-il ; je suis condamné, qu’on exécute la sentence. Je suis prêt. »
Puis il écrivit à son défenseur la lettre suivante :
Mon cher et malheureux défenseur, avant l’heure suprême, je veux vous remercier de toute mon âme des efforts héroïques que vous avez tentés pour soutenir ma cause. Si les accents de la plus haute éloquence, que vous avez puisée dans le sentiment de la vérité et dans le dévoûment de votre noble cœur, n’ont pas convaincu mes juges, c’est qu’ils ne pouvaient être convaincus. Car, dans votre admirable parole, vous avez dépassé l’effort humain.
Je ne me pourvoirai point. Je ne veux pas prolonger, devant le monde entier, le spectacle d’une lutte aussi douloureuse, et je vous prie de ne faire aucune démarche en ma faveur. Ce n’est plus aux hommes que je demande de me juger : c’est du temps, de l’apaisement des passions que j’attends ma justification.
J’attends, ferme et résolu, fort de ma conscience, qui ne me reproche rien, l’exécution de la justice.
Dans la nuit du 11 au 12, le maréchal dormait profondément. Son aide de camp, le colonel Willette, qui lui était resté aussi fidèle que dévoué, vint l’éveiller :