fugitifs, s’étant arrêté à Einsiedeln et ayant raconté toutes les horreurs qui se passaient à Paris, l’abbé Conrad IV crut prudent d’aider la Vierge noire à protéger son trésor. Toutes les richesses furent expédiées en Amérique, vendues et converties en propriétés foncières, d’une étendue considérable, que possède encore aujourd’hui le monastère.
Faut-il admettre que les Pères, bénéficiant d’un mensonge qu’ils avaient intérêt à accréditer, aient voulu réparer, jusqu’à un certain point, le préjudice qu’ils portaient sciemment à l’armée française ? Toujours est-il que, lorsque les soldats de l’héroïque Bourbaki furent obligés de se jeter dans la Suisse allemande, personne n’accueillit plus généreusement et ne soigna plus humainement nos malheureux compatriotes que les habitants de Notre-Dame-des-Ermites.
Quatre des nôtres sont morts de leurs blessures et reposent sous ce sol hospitalier. On peut lire, en effet, sur la base d’une petite pyramide placée dans le cimetière qui avoisine l’abbaye :
AUX QUATRE SOLDATS
DE L’ARMÉE DE BOURBAKI
DÉCÉDÉS A EINSIEDELN
1871.
LA POPULATION D’EINSIEDELN.
GRAND JEAN † 6 MARS 1871
ÉON JEAN † 10 MARS 1871
ROUGUES LÉONARD † 19 MARS 1871
FOULON JEAN † 19 MARS 1871 </c