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Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/29

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Il ajoute : « L’Empereur répétait jusqu’à satiété que l’Égypte devait demeurer à la France, et qu’elle y fût infailliblement demeurée, si elle eût été défendue par Kléber ou Desaix. C’étaient ses deux lieutenants les plus distingués, disait-il ; tous deux d’un grand et rare mérite, quoique d’un caractère et de dispositions bien différentes. On en trouvera les portraits dans les Mémoires de la campagne d’Égypte.

« Kléber était le talent de la nature : celui de Desaix était entièrement celui de l’éducation et du travail. Le génie de Kléber ne jaillissait que par moments, quand il était réveillé par l’importance de l’occasion, et il se rendormait aussitôt après au sein de la mollesse et des plaisirs. Le talent de Desaix était de tous les instants ; il ne vivait, ne respirait que l’ambition noble et la véritable gloire : c’était un caractère tout à fait antique. L’Empereur dit que sa mort a été la plus grande perte qu’il ait pu faire ; leur conformité d’éducation et de principes eussent fait qu’ils se seraient toujours entendus. Desaix se serait contenté du second rang, et fût toujours demeuré dévoué et fidèle. S’il n’eût pas été tué à Marengo, le Premier Consul lui eût donné l’armée d’Allemagne, au lieu de la continuer à Moreau.

« Du reste, une circonstance bien extraordinaire dans la destinée de ces deux lieutenants de Napoléon, c’est que le même jour et à la même heure où Kléber périssait assassiné au Caire, Desaix tombait à Marengo d’un coup de canon. »