Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/31

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Devant le corps de garde, fichées et scellées sur le pavage, sont placées en alignement et à égale distance un certain nombre de barres de fer, terminées par une fourche. C’est contre ces fourches que les soldats faisant partie du poste appuient leurs fusils. A la dernière est suspendu le tambour.

Cette façon de placer ses fusils, l’obligation où est le public de passer de tout temps à une distance respectueuse de la sentinelle sans la frôler, la coudoyer, comme nous le faisons journellement chez nous, est un détail ; mais n’est-ce pas un témoignage matériel bien saisissant de la différence qui existe entre les deux peuples dans la manière d’envisager leurs armées !

Cet état de choses a un autre avantage : que le poste soit obligé de prendre les armes, aussitôt chaque homme est aligné, son fusil devant lui.

Chez nous, la même opération ne se fait pas si facilement : les hommes se précipitent pêle-mêle dans le corps de garde ; c’est à qui bousculera l’autre, afin de prendre au plus vite son fusil au râtelier. On se bouscule de nouveau vers la porte de sortie, toujours trop étroite pour laisser passer plus de deux hommes de front. Et enfin, quand les soldats sont alignés, pour une manœuvre aussi simple, on a perdu plusieurs minutes.

Le temps joue un grand rôle dans les questions militaires. Gagner deux minutes, deux heures, deux