Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/38

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des Orphelins, la maison n° 23, qu’habitait, en 1836, le colonel Vaudrey, chez lequel le prince Louis-Napoléon reçut l’hospitalité, lors de son équipée de Strasbourg. C’est dans cette maison qu’il revêtit l’uniforme de colonel d’artillerie, avec lequel il devait se présenter devant les troupes : habit bleu, collet et passepoils rouges, épaulettes de colonel. Le prince portait les insignes de la Légion d’honneur, le chapeau d’état-major, du modèle admis dans l’armée, et un sabre droit de grosse cavalerie. Ses ennemis, bien entendu, dénaturèrent les choses, et prétendirent qu’il s’était déguisé en… Napoléon Ier.

N’ayant pas réussi, l’entreprise devint naturellement criminelle. Néanmoins il s’en fallut de bien peu que le futur Napoléon III n’arrivât, dès cette époque, triomphalement à Paris. Le moment était bien choisi : c’était le moment psychologique.

Parti de Fribourg le 28 octobre au matin, traversant Neuf-Brisach, Colmar, etc., dans sa chaise de poste, attelée de quatre chevaux, il arrivait à Strasbourg à 10 heures du soir. Le lendemain 29, il recevait clandestinement un certain nombre d’officiers de la garnison, et leur parlait en ces termes :

« Messieurs,

« Vous connaissez tous les griefs de la nation envers le gouvernement du 9 août ; mais vous savez aussi qu’aucun parti existant aujourd’hui n’est assez fort pour le renverser, aucun assez puissant pour réunir