Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/43

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De New-York, le 30 avril 1837, le futur Napoléon III écrivait à M. Odilon Barrot :

« New-York, 30 avril 1837.

« Monsieur Odilon Barrot,

« Maintenant je vous dois une explication des motifs qui m’ont fait agir.

« J’avais, il est vrai, deux lignes de conduite à suivre : l’ une qui, en quelque sorte, dépendait de moi ; l’autre, des événements. En choisissant la première, j’étais, comme vous le dites fort bien, un moyen ; en attendant la seconde, je n’étais qu’une ressource. D’après mes idées, ma conviction, le premier rôle me semblait bien préférable au second. Le succès de mon entreprise m’offrait les avantages suivants : je faisais, par un coup de main, en un jour, l’ouvrage de dix années ; peut-être, réussissant, j’épargnais à la France les luttes, les troubles, les désordres d’un bouleversement qui arrivera je crois, tôt ou tard. L’esprit d’une révolution, dit M. Thiers, se compose de passions pour le but, et de haine pour ceux qui lui font obstacle ; ayant entraîné le peuple par l’armée, nous aurions eu les nobles passions sans la haine ; car la haine ne naît que de la lutte entre la force physique et la force morale. Personnellement, ensuite, ma position était claire, nette, partant facile. Faisant une révolution avec quinze personnes, si j’arrivais à Paris, je ne devais ma réussite qu’au peuple, et non à un parti ; arrivant en vainqueur, je déposais de plein gré, sans y