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Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/68

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bonne à connaître : elle est souvent instructive et toujours profitable.

— Dans votre pays, disait-il, — le seul au monde qui ait subi les effets, en moins de cent ans, de huit révolutions, l’Histoire, — c’est-à-dire la vérité et la justice, a été remplacée par la légende, c’est-à-dire les passions et les intérêts.

Il en résulte pour vous, — dommage irréparable qui n’est que trop apparent aujourd’hui, — l’impossibilité de bénéficier de votre propre expérience. La légende est en France un mal incurable, mais presque nécessaire à l’existence tourmentée de la nation. Celle-ci, quant aux personnes et aux choses, vit des fictions que la légende crée en tous sens. Un jour elle en meurt, ou à peu près, puis elle renaît et recommence.

Le mal vient de loin : il remonte à Louis XIV. Les mœurs privées du roi, pendant sa jeunesse, les désordres incestueux du Régent, le libertinage de Louis XV, la complaisante et basse servilité de la noblesse, — tout cela a provoqué le dégoût pour les classes dirigeantes, rompu l’équilibre social et amené l’état révolutionnaire dans lequel vous vivez, depuis un siècle, comme dans votre état normal.

Je ne vous apprendrai rien en disant que chez tous les peuples qui ont joué un grand rôle dans l’histoire, la décadence a commencé immédiatement après le siècle qui avait porté leur grandeur à son apogée.