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LA CAPITULATION DE METZ


A Monsieur l’éditeur du Times.


Monsieur,

Les attaques violentes contre le maréchal Bazaine et sa condamnation pour la reddition de Metz ne peuvent qu’exciter l’indignation de toute personne impartiale.

Et d’abord, accuser un tel homme de trahison est absolument incompréhensible. Après une vie longue et honorable, il n’avait rien à gagner à un acte contraire aux intérêts de son pays.

La nation française s’est engagée dans une grande guerre avec tout le désavantage possible. La puissance adverse était mieux préparée, beaucoup plus forte en ressources et équipements militaires ; de plus, les Français, depuis quelque temps, se trouvaient dans un certain désordre résultant du conflit des factions politiques, qui avait eu pour effet, avant la guerre, d’empêcher le complet développement de la puissance militaire du pays, — après les premiers revers, de désorganiser totalement le gouvernement, et de rendre impossible toute action suivie, tendant à diriger les opérations dans un moment d’importance vitale. Tout semblait en dissolution, chaque chef était laissé à sa propre initiative, et chacun à son tour était exposé aux mouvements ordonnés et concentrés d’un ennemi bien discipliné, bien organisé, et, en outre, très supérieur en nombre.

Les corps d’armée tombèrent donc l’un après l’autre avec une rapidité effrayante ; enfin vint celui de Bazaine, qui depuis quelque temps était enfermé dans Metz avec de grand