Malheureusement, si quelques chefs avaient pu se rendre compte de ce qui s’était passé, la masse l’ignorait. Une des conséquences les plus funestes de cette ignorance fut de laisser supposer que l’Empereur pouvait avoir quelque talent militaire, et qu’il suffisait d’être un Napoléon pour être un grand général. On a dit bien des fois que rien ne réussit autant chez nous que le succès, — il prouve et justifie tout ; mais aussi la masse inconsciente et bête ne pardonne pas l’insuccès.
L’Empereur, poussé par le pays, avait été obligé de faire la guerre à l’Allemagne, qu’il le voulût où non. Mais personne plus que lui ne devait connaître l’infériorité matérielle et morale avec laquelle il allait affronter cette armée allemande, qui avait porté à ses dernières limites le respect et le dévouement envers son souverain ; cette armée qui avait perfectionné, plus qu’aucune autre, l’application des principes de discipline, de recrutement, d’organisation, de tactique et de stratégie.
Dès le début de la guerre, l’Empereur dut avoir l’intuition, le pressentiment de ce qui allait arriver.
S’il était incertain, l’affaire de Sarrebrück devait lui dessiller les yeux.
Il avait, peu après son arrivée, poussé par le général Frossard — qui, trois ans avant la guerre, avait fait un plan à cet effet, — ordonné cette inutile et ridicule attaque.
Quand on est réputé grand homme, quand on est