Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/92

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monde, son fils, — Frossard en était là ! Mais le coup était porté. Et le désordre d’esprit dans lequel se trouvait l’Empereur se montra au grand jour par des ordres, des contre-ordres réitérés, basés sur les renseignements les plus incertains et les plus contradictoires qui parvenaient à l’état-major général, concernant la marche et les mouvements de l’ennemi. A tout propos des troupes étaient mises en mouvement, puis arrêtées, avec ordre de revenir au point de départ. C’étaient des allées et venues continuelles sur le même terrain, sans un instant de répit.

Ce qui est grave, beaucoup plus grave, c’est que non seulement cette guerre avait été entreprise sans que l’armée fût prête, sans plan déterminé, mais encore sans que l’Empereur eût fait établir à l’avance, — première précaution militaire à prendre —, un système d’informations, d’espionnage, destiné à l’éclairer sur les mouvements de l’ennemi.

L’affaire de Sarrebrück avait ébranlé tout l’édifice, porté un tel coup, jeté un tel désarroi, que quelques heures après l’Empereur, sans le vouloir, le constate lui-même, dans son ordre du jour du 4 août, que je rapporte ici :


ORDRE


Il faut toujours supposer à ses ennemis le projet le plus raisonnable. Or, d’après ce qu’on lit dans les journaux anglais, le général Steinmetz occuperait une position centrale