Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/99

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ordres. Il laissa à des subalternes le soin de jeter des ponts, sans que la précision de ces ordres pût faire prévoir de quelle importance il était pour l’armée que ces ponts fussent jetés au plus tôt ; les subalternes en prirent à leur aise, et les travaux furent si mal exécutés, que l’un des ponts fut emporté à peine achevé.

Pendant ces longs jours, déplorablement perdus, l’Empereur s’inquiétait, se désolait : ses lettres et dépêches en font foi.

Les désastres qu’avait déjà subis l’armée depuis le commencement des opérations, loin de faire jaillir de son esprit quelque trait de génie grâce auquel il pût combattre la mauvaise fortune, ne lui inspirèrent qu’une pensée : se retirer enfin et laisser à un autre, avec les responsabilités des événements néfastes, le soin de se tirer d’affaire comme il pourrait.

La situation de l’armée devenait, en effet, plus critique à chaque seconde. Par l’écrasement du maréchal de Mac-Mahon, elle avait perdu son aile droite ; on était sans nouvelles du corps de Failly qui pouvait être dispersé, ou entouré et forcé de mettre bas les armes. En outre, il est certain que chaque jour perdu sur le plateau de Borny était activement mis à profit par l’ennemi, que plusieurs de ses corps d’armée étaient devant nous, et qu’il comprenait évidemment le but de notre retraite.

Si l’Empereur ne voyait pas cette situation dans tous ses détails et dans toute sa gravité, il la voyait