Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/15

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hâtais d’en prendre note, presque à tâtons, les yeux demi-fermés, avant qu’il en fût de ces subtiles impressions comme des images fugitives de la chambre noire, si promptement évanouies devant le grand jour.

Une objection qui se présente tout naturellement me sera faite : « Vous ne dormiez point, » me dira-t-on. « Ce sommeil étrange dont vous nous parlez n’était pas un sommeil véritable. » À cela, je répondrai sincèrement que je fus tout d’abord disposé moi-même à le soupçonner. Des maux de tête m’assaillirent, et je crus devoir interrompre mes élucubrations nocturnes ; mais un repos d’esprit relatif m’ayant rendu la santé sans altérer cette faculté définitivement acquise de m’observer parfois en rêvant, et vingt années s’étant écoulées depuis sans que je l’aie jamais perdue, il faut admettre, ce me semble, que j’avais simplement éprouvé, au moral, ce qu’éprouvent, au physique, ceux qui développent par une gymnastique violente les si grandes ressources du corps humain : au lieu d’une courbature des membres, c’était une fatigue momentanée de l’esprit que j’avais ressentie. Or, si je suis porté à croire qu’il y aurait des organisations rebelles aux habitudes psychiques que j’ai contractées, comme il en est aussi d’incompatibles avec les exercices du trapèze et du tremplin, je n’en