Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/271

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non moins net ; mais si vous voyez pâlir et s’embrouiller aux yeux de votre esprit les images de ces arbres, de ces plantes, de ces fleurs, tout à l’heure si distinctes, vous pouvez tenir pour certain que votre sommeil se dissipe. Laissez l’effet se produire, et quelques instants plus tard vous serez complètement réveillé.

Préférez-vous diriger l’expérience dans la voie opposée ? Affectez de garder (en rêve) une immobilité complète [1], et concentrez fortement votre attention sur l’un des menus objets dont l’image n’a point disparu, une feuille d’arbre par exemple. Cette image retrouvera peu à peu toute la netteté qu’elle avait perdue, vous verrez renaître graduellement la vivacité des contours et de la couleur, comme il en serait d’une image dans la chambre noire, à mesure que vous l’amèneriez au point. Quand vous en serez revenu à distinguer clairement les petits détails, vous pourrez mettre fin à

  1. Quand le sommeil est complet, l’action de la volonté sur les muscles est complètement suspendue. Vous pouvez commander, en rêve, tous les mouvements locomotifs sans que vos bras ni vos jambes en ressentent aucunement l’influence. Mais dès que le sommeil s’altère, il n’en est plus de même. Si faiblement que ce soit, la volonté reprend son action sur les muscles, et chaque mouvement qu’on leur commande en rêve contribue graduellement à dissiper l’engourdissement du corps. L’immobilité que le songeur s’efforcera de garder ne sera donc pas purement imaginaire. Elle contribuera puis-samment au contraire à favoriser le sommeil.