Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/292

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dans leur incohérence même, certaines lois de succession conformes à l’enchaînement ordinaire de tous les événements véritables. Je veux dire, par exemple, que si je songe avoir eu le bras cassé, je croirai que je le porte en écharpe ou que je m’en sers avec précaution ; que si je rêve qu’on a fermé les volets d’une chambre, j’aurai, comme conséquence immédiate, l’idée que la lumière est interceptée et que l’obscurité se fait autour de moi. Partant de cette considération, j’imaginai que si je faisais, en rêve, l’action de me mettre la main sur les yeux, je devrais obtenir tout d’abord une première illusion en rapport avec ce qui m’arriverait réellement, étant éveillé, si j’agissais de même ; c’est-à-dire que je ferais disparaître les images des objets qui me semblaient placés devant moi. Je me demandai ensuite si cette interruption des visions préexistantes étant produite mon imagination ne se trouverait pas plus à l’aise pour évoquer les nouveaux objets sur lesquels j’essayerais de fixer ma pensée. L’expérience suivit de près ce raisonnement. L’apposition, dans mon rêve, d’une main sur mes yeux eut, en effet pour premier résultat d’anéantir cette vision d’une campagne au temps de la moisson que j’avais inutilement essayé de changer par la seule force imaginative. Je demeurai sans rien voir pendant un moment, exactement comme cela me fût