Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/313

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« Je rêve, une autre nuit, que je vois une jeune femme blonde comme de l’or, causant avec ma sœur et lui montrant un petit ouvrage en tapisserie qu’elle avait fait. En songe, je crois parfaitement la reconnaître ; j’ai même le sentiment de l’avoir rencontrée déjà bien des fois. Cependant je m’éveille et ce visage, encore présent à ma pensée, me semble dès lors absolument inconnu. Je me rendors ; la même vision se reproduit. J’ai gardé, tout en rêvant, la conscience des instants de réveil momentané que je viens d’avoir, aussi bien que de cette impression que j’ai ressentie d’avoir eu devant les yeux de mon esprit un visage que je n’avais encore jamais vu. Rendu aux illusions du rêve, je m’en étonne ; je me demande comment j’ai pu manquer à ce point de mémoire, et mêlant l’incohérence du songe à la vague réminiscence d’une idée que je désire éclaircir, je m’approche de la blonde jeune femme, et je lui demande à elle-même si je n’ai pas eu déjà le plaisir de la rencontrer. « Assurément, me répond-elle, souvenez-vous des bains de mer de Pornic. » Ces mots me frappent. Je me réveille tout à fait, et je me rappelle alors parfaitement les circonstances dans lesquelles j’avais recueilli, sans m’en douter, ce gracieux cliché-souvenir [1]. »

  1. Un phénomène inverse es également consigné dans mes notes. Je vois en songe une personne qui me semblait inconnue. Je me réveille, et je me rappelle aussitôt qui elle est.