Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/471

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idées un phénomène que l’on pourrait presque comparer à celui de l’écoulement de l’eau sur une surface unie : dès qu’un mince filet a tracé son passage dans une direction quelconque, tous ceux qui viennent à le rencontrer se précipitent après lui, par la même route et vers le même point. Ainsi, la sollicitation la plus faible suffit-elle pour souder instantanément le nouveau rêve à celui qui, maintes fois déjà, s’est déroulé. Les mêmes associations d’idées-images ne manquent point de se reproduire identiquement.

* * * Au milieu de rêves où, possédant la conscience de mon sommeil, j’essayais d’étudier avec soin comment les idées s’associent et comment les images se succèdent et se combinent au fur et à mesure de ces associations, il m’est arrivé souvent de placer mon esprit à l’entrée de quelque série de réminiscences, d’inviter la mémoire à fonctionner d’elle-même, et d’attendre curieusement ce qu’il en pourrait résulter. Or, ce qu’il en résultait invariablement, c’était la persuasion que ma mémoire fût rebelle à cette expérience, bien qu’elle s’y prêtât au contraire de fort bonne grâce ; mais l’illusion de durée qu’elle donnait aux premières réminiscences me faisait croire qu’au lieu de suivre rapidement un enchaînement d’idées, elle renonçait à la rêverie pure pour se fixer sur un tableau.