Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fois en honneur, chaque siècle introduisit pour la décorer de nouvelles superstitions qui la surchargèrent à la fin si fort que l’ancien fondement sur lequel elle reposait ne fut plus du tout connu.
.... « S’il était nécessaire de s’étendre davantage pour prouver l’origine de l’onéirocritie, j’insisterais sur les exemples d’interprétations que j’ai cités un peu plus haut, d’après Artémidore. J’en pourrais rapporter un grand nombre d’autres et l’on verrait que ces interprétations ne diffèrent pas des interprétations symboliques que l'on trouve dans Horapollo.

« Enfin, il y a une chose remarquable qui lève toute difficulté. Je ne ferai que l’indiquer quoique le sujet méritât que je m’y étendisse davantage. Le mot technique dont les onéirocritiques se servaient pour exprimer les fantômes aperçus dans les songes était celui de ΣΤΟΙΧΕΙΑ qui signifie éléments. Il ne serait pas aisé de donner une bonne raison de l’usage d’un terme si singulier dans toute autre supposition que celle qui fait dériver l’onéirocritie de l’écriture symbolique. Mais, dans cette hypothèse, la chose est facile et devient évidente, puisque les marques symboliques étaient appelées ΣΤΟΙΧΕΙΑ. Lorsqu’ils se servaient donc des symboles, il n’y avait rien de plus simple et de si naturel que d’employer le même terme pour exprimer les mêmes images gravées sur la pierre ou dans l’imagination. »

Warburthon, Essai sur les hiéroglyphes.
Trad. française, Paris, 1774.</ref>. D’où cette conclusion, que si les prêtres de l’antiquité païenne possédaient, comme je n’en doute pas, l’art d’influencer les rêves des croyants qui venaient dormir dans leur temple, ils ne s’en servaient que pour leur suggérer des apparitions en rapport avec leurs doctrines, et non point pour obtenir de l’homme endormi une étude consciente de ses perceptions les plus intimes.

C’est ainsi que nous lisons dans Artémidore des instructions et des exemples tels que ceux-ci [1] :

  1. Je conserve le style de la traduction française publiée en 1634, par Charles Fontaine. Elle joint au mérite de l'exactitude celui d'être écrite avec une entière bonne foi.