Page:D'Hervey de Saint-Denys - Les Rêves et les moyens de les diriger, 1867.djvu/86

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qu’aux heures où il conduit son attelage, faudra-t-il conclure que ce conducteur ait perdu sur eux toute autorité et qu’il ne puisse plus au besoin les attirer dans une direction déterminée ? C’est un point sur lequel je différerai complètement d’avis avec tous les psychologues de cette école.

Formey nous offre encore ce passage doublement remarquable, et pour sa hardiesse à l’époque où il fut écrit (1754), et pour la netteté avec laquelle il pose en principe un fait capital des plus contestés, bien qu’incontestable, suivant moi : « En langage ordinaire, nous ne songeons que lorsque des idées parviennent à notre connaissance et font impression sur notre mémoire, de manière qu’à notre réveil nous pouvons dire que nous avons eu tel ou tel songe, ou du moins que nous avons songé en général ; mais, à proprement parler, NOUS SONGEONS TOUJOURS, c’est-à-dire que dès que le sommeil s’est emparé de la machine, l’âme a, sans interruption, une suite de représentations et de perceptions ; mais elles sont quelquefois si confuses et si faibles qu’il n’en reste pas la moindre trace ; et c’est ce qu’on appelle le profond sommeil, qu’on aurait tort de regarder comme une privation totale de toute perception, une inaction complète de l’âme... Il y a donc des vides apparents, et, si j’ose ainsi dire, des espèces de lacunes dans la