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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/104

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

pour me chercher pendant l’orage, c’est encore loin chez nous.

— Ta maman n’aura pas peur longtemps, dit la marquise ; avant cinq minutes nous serons chez elle. »

Elle prit en effet l’enfant dans ses bras, le garantit de son manteau, et se mit à courir, sous la pluie battante, dans la direction du village. Le fardeau était bien lourd pour elle ; l’enfant, rassuré, souriait, en appuyant sa petite tête brune sur son épaule ; il se sentait à l’abri entre ces bras bienfaisants.

Quand elle atteignit le seuil de la chaumière de Louise, toute rougie de sa course, sa robe de taffetas lilas dégouttante d’eau n’avait plus de couleur, les dentelles de son manteau tombaient éplorées sur sa jupe, et la soie de son chapeau avait teint son cou de violet.

Elle frappa vivement à la porte, et Louise, en allant ouvrir, reconnut avec un étonnement joyeux Jacques riant dans les bras d’une belle dame.

« Voilà votre enfant, dit-elle en livrant aux baisers de Louise son fils retrouvé ; je l’ai rencontré perdu sur la route de Valnières, et je vous l’ai ramené.

— Oh ! que j’ai eu peur, dit la mère ; oh ! madame, que vous êtes bonne !