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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/103

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

mais, pour revenir, je n’ai plus su mon chemin… et voilà. »

La marquise essuya les larmes qui coulaient sur les joues rebondies du petit garçon.

« Veux-tu venir avec moi ? lui dit-elle, je vais te ramener chez ta maman.

— Vous ! fit l’enfant en levant sur la jeune femme ses grands yeux étonnés ; ah ! vous ne pourrez pas, c’est trop loin pour une dame.

— Crois-tu donc que je ne sache pas marcher, pauvre petit ami ? Dis-moi seulement le nom de ta maman.

— Maman, c’est maman, et papa, c’est Rigault le sabotier.

— Rigault ! dit la marquise ; le mari de la pauvre Louise ! Viens, petit, dit-elle en embrassant l’enfant ; nous allons faire route ensemble. »

Béatrice, en effet, prit par la main Jacques consolé, et le guida dans les détours du chemin. Elle passait devant son château qui s’élevait bien avant le village sur la route de Tours, lorsque de gros nuages s’amoncelèrent au ciel ; l’enfant tremblant se serra contre sa protectrice : aux premiers éclats d’un tonnerre lointain, Jacques recommença à pleurer.

« Maman va avoir peur pour moi, s’écria-t-il au milieu de ses sanglots ; elle va courir partout