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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/11

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

L’autel était éblouissant de lumières et de fleurs ; une grande dame, magnifiquement parée, tenait dans ses bras la petite fille de la duchesse couverte d’une pelisse de cachemire blanc, en même temps qu’une pauvre jardinière présentait aux fonts baptismaux la fille de la paysanne, enveloppée dans des langes de laine commune.

Et pourtant les âmes de ces deux enfants avaient la même origine divine, un ange aussi beau, aussi pur, aussi saint veillait sur chacune d’elles et les protégeait de son aile immaculée.

Les deux enfants grandirent, Béatrice de Morancé entourée de luxe et d’amour, Louise Aubin au milieu d’une pauvreté que la mort de son père était encore venue augmenter. Marianne Aubin, toujours souffrante et d’ailleurs épuisée par le travail, avait dû laisser son fils aîné, le seul de tous ses enfants qui gagnât déjà un bon salaire dans son état de jardinier, prendre la direction de la maison. Malheureusement, Simon Aubin, d’un caractère brusque et irritable, n’avait pas les qualités nécessaires pour exercer cette autorité que la mort de son père plaçait entre ses mains ; il en abusait souvent ; ses jeunes frères et ses sœurs le craignaient sans lui obéir, et sa mère elle-même ne comptait pas assez sur son cœur pour le consulter, comme elle aurait aimé à le faire, dans toutes les circonstances. Louise