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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/152

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

On ne sait pas, on croit que oui. Tout à coup, un cri déchirant sort de la maison.

« Il y a encore un enfant là ! » s’écrie Béatrice.

Et, ne consultant que son cœur, méprisant le danger qui la menace, elle s’élance sur l’échelle qui conduit encore dans la maison.

À ce moment subit, on se précipite pour la retenir.

« Arrêtez ! arrêtez, madame ! s’écrie-t-on de toutes parts.

— Non, non, dit-elle, la vie d’un enfant sans mère m’appartient ; je veux le sauver ! »

Elle gravit alors rapidement les degrés de l’échelle, qui plie sous son poids ; elle arrive à la hauteur du premier étage ; les poitrines sont haletantes, tous les yeux se tournent vers elle ; quand elle disparaît dans un tourbillon de fumée, la foule se jette à genoux au milieu des décombres.

Quelques secondes d’une horrible attente s’écoulent, elle reparaît enfin au sommet de la maison ; un enfant est dans ses bras ; à son aspect, un immense cri de joie sort de cette foule ; mais, au moment où son pied se pose sur le premier échelon, l’échelle, atteinte au bas par des débris enflammés, vacille et se brise. En même temps, des tourbillons d’une fumée rougeâtre indiquent que le feu a envahi toute la maison.