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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/151

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

bres enflammés ; sur le devant sont rassemblés, comme un troupeau craintif, les pauvres enfants de l’asile, jetant des yeux effarés sur leur demeure, se serrant d’effroi les uns contre les autres, et pleurant en face de cette mort qu’ils appréhendent sans l’avoir jamais vue ; on précipite les meubles par les fenêtres, les vitres se brisent, le plancher craque, les murs s’écroulent ; Béatrice paraît alors, elle encourage ceux qui forment la chaîne, et qui tâchent d’étouffer l’ardeur dévorante des flammes. Elle demande si aucun des enfants n’est blessé ; elle les enveloppe des couvertures qu’on jette à ses pieds. Un d’eux sanglote et répète avec désespoir :

« Remy ! Remy !

— Que veux-tu ? Tu cherches Remy ; où est Remy ? »

Personne n’a pris le temps d’essuyer ses pleurs ou d’écouter sa plainte. Béatrice répond à son appel et elle répète sa question.

« Il est là, là, continue l’enfant en montrant la dernière fenêtre de la maison ; il est trop petit, il va mourir. Oh ! mon Dieu ! mon Dieu !

— Où est Remy ? crie Béatrice ; qui s’appelle Remy ? »

Pas de réponse.

« Tous les enfants sont-ils sauvés ? » demande-t-elle à ceux qui l’entourent.