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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/160

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

celui-ci ne voulut jamais consentir à ce qu’elle payât le loyer.

« Non, madame, répétait ce brave homme, Madame ne peut pas admettre que je me laisse payer un loyer qui sortira de sa bourse : je veux prendre ma part de la bonne action. Je prête une bâtisse qui ne me sert pas à grand’chose, ce n’est pas bien difficile ; Madame a déjà bien assez à faire pour le reste, sans que j’accepte un sou pour le logis. Non, not’dame, oh ! non, jamais. »

L’exemple de cette charité infatigable, la plus sainte vertu de Béatrice, avait éveillé chez les plus intéressés une pitié jusqu’alors inconnue qui tirait de la poche la mieux fermée l’argent qu’on y gardait.

L’héroïque dévouement de Béatrice dans l’incendie la faisait regarder non plus comme une bienfaitrice, mais comme un ange ; on voulait à l’envi mériter un de ses regards ou un de ces merci qu’elle disait si bien.

Les dons arrivaient de toutes parts sans qu’elle eût rien demandé pour ses enfants de l’asile ; c’étaient des couvertures, des vêtements, des sacs de farine, du vin.

« Mon Dieu ! s’écria-t-elle un jour en revenant de la maison provisoire de ses enfants, ne me laissera-t-on plus faire la charité dans ce pays ? »