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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/190

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

nait de quitter, les attendit au passage et les conduisit dans la petite chambre où se trouvait déjà sa mère, et, dans ce froid asile de leur misère, ces pauvres enfants, qui n’avaient fait que pleurer ou trembler depuis deux mois, trouvèrent de la gaieté et des sourires parce qu’ils n’avaient plus peur de voir l’oncle Thomas les rudoyer.

« Ne crains rien, mère, disait Germain, nous travaillerons tous pour toi. Moi et Jeanne nous sommes déjà en état de nous suffire à nous-mêmes et de t’apporter de nos profits ; Jacques et Louis grandissent tous les jours : ils ne demandent qu’à gagner pour toi. Bientôt tu te reposeras, ma bonne mère, nous le voulons tous. »

Louise leur sourit en les embrassant l’un après l’autre. Elle savait bien pourtant qu’avant que ses enfants pussent la soutenir par leur travail, il s’écoulerait des années. Elle ne troubla pas leur espoir en leur disant : « Mais dans huit jours ou quinze jours au plus comment Catherine et moi mangerons-nous ? comment payerai-je les apprentissages ? » Elle le pensa seulement et se tut.

Louis était inquiet cependant. Après le souper il s’assit à côté de sa mère.

« Mère, lui dit-il tout bas, tu n’as plus d’argent, je le sais bien, moi.

— Je vendrai mes meubles, répondit Louise.

— Et après !… Écoute, si tu veux et si Jacques