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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/189

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

ses bras. Son regard si doux d’ordinaire étincela.

« Misérable ! dit-elle, frapper mon Louis. Jusqu’à présent j’ai tout supporté ici, mais on s’attaque à mes enfants… Je ne resterai pas dans cette maison une heure de plus.

— Partez ! partez ! je ne vous retiendrai pas ! Et si vous mourez de faim, je ne vous plaindrai pas. »

Et il sortit en fermant la porte avec colère.

Il suffit d’une demi-heure à Louise, aidée de son fils, pour faire son paquet. Louis parvint à louer une petite charrette pour transporter ses meubles, et bientôt la veuve de Rigault repassait le seuil de cette inhospitalière demeure pour ne jamais y rentrer.

Il lui restait alors à peine quelques francs dans sa poche pour vivre deux ou trois jours ; elle espérait, en vendant ses meubles, se procurer un peu d’argent ; mais que devenir après ? Sa pensée ne s’arrêta pas à cela ; elle ne voulut pas douter de la Providence. Elle loua, dans une des plus humbles chaumières de Lussan, une chambre à une vieille paysanne qui vivait seule. Quand ses enfants, en congé pour le dimanche, arrivèrent à la maison de l’oncle Thomas, il les injuria en leur fermant la porte au nez, et leur dit de chercher leur mère où ils voudraient.

Louis, posté assez près de la demeure qu’il ve-